L’aspect hétéroclite et désordonné de mon parcours fait partie intégrante de ma démarche et est pleinement assumé dans mon travail artistique. Je trouve mon inspiration un peu partout, que cela soit en visitant une exposition, lors d’une balade dans la nature, d’une formation… l’ensemble des idées qui y naissent vont se rejoindre et me servir par la suite. Tout mon état d’esprit étant orienté vers la création, je ne dissocie pas le travail artistique des pratiques d’artisanat ou de loisir, telles la marche ou la couture, et ne ressens aucune limite dans les croisements possibles entre celles-ci ; j’éprouve un besoin d’essayer et souvent, le résultat est étonnant. Dès lors que l’expérience m’a amusée, l’envie de la partager vient naturellement, sans que je me pose la question de la nature purement artistique ou non de la démarche.
Outils
Expérimentation
Curiosité



J’apprécie de travailler avec mes mains et de m’approprier la fabrication des outils de création eux-mêmes ; quand je dessine avec de l’encre de chine, je m’interroge sur comment, de quoi elle est faite, me vient alors l’envie de confectionner ma propre encre de chine ; je teste la fabrication d’un fusain, d’abord en imitant ceux qui sont vendus en magasin, puis je me mets à tordre l’expérience en créant des fusains géants à l’aide d’énormes branches de bois, pour aller chatouiller l’inattendu.
Dans la même idée, plutôt que de prendre un pinceau tout fait, je vais ramasser des végétaux, des racines, des joncs que je vais tresser, coudre, assembler ; j’improvise également des outils avec des cheveux, cailloux, bouts d’os, plumes, cardères, fleurs de cotonnier, écorces… Ce sont ces pinceaux-là que je vais tremper dans l’encre pour dessiner. Je dépose d’abord des taches au hasard sur le papier, sur lesquelles je vais intervenir dans un second temps avec la plume à encre, les pinceaux et les lavis ; je vais peu à peu les contourner, les cerner, les dessiner, pour les faire passer de taches en dessins.
De nature curieuse, j’essaie de voir le positif et le beau dans ce qui n’est pas évident : une feuille morte, par exemple, est souvent considérée comme un déchet, pour lequel l’humain a même inventé un outil de nettoyage ; à mes yeux il n’y a pas d’objet plus incongru que le souffleur de feuilles ! Je vais ramasser ces feuilles et tâcher d’en révéler la beauté inattendue ; j’aime porter ma recherche dans des endroits où cela n’est pas évident, à la façon dont on allumerait une lumière dans un couloir sombre.